dimanche 28 novembre 2010

I now walk into the wild

Des croix tanguaient fiévreusement au dessus des restes. Des couleurs pourpres s’agitaient telles des ombres épileptiques. Le vent dégageait une odeur de folie. L’atmosphère, quant à elle délivrait une saveur amère de schizophrénie. Le sol valsait spasmodiquement. La pluie acide s’abattait d’une manière convulsive sur nos corps. Des cris fébriles résonnaient dans les échos de nos appels. Serrant un peu plus sa main moite, j’avançais dangereusement, évitant de briser les os répandus sur la terre maladive. Ma poitrine me brulait, mon cœur se contractait sous ma cage lancinante, mes pores transpiraient de détresse. Le poids de mon désarroi me dominait. La réalité m’apparut comme une maladie incurable : le monde avait crevé la gueule ouverte. Il ne restait que deux âmes errantes parmi les fatras de sang coagulé, d’organes putrides, de membres brisés et infectés. Il ne restait que lui et moi. Moi et lui. Des larmes s’échouèrent sur mes joues ébouillantées. M’accrochant à ses phalanges, nous nous laissâmes tomber sur les couches ébranlées de vies passées. Je l’étreignais de toutes mes forces, du moins, de celles qui me restaient, l’emprisonnant de mes frêles bras. Il posa sa main sur ma poitrine et je sentis mon cœur se débattre. Mes sanglots s’apaisèrent dans un soubresaut. Je me mis à régurgiter mes derniers restes de lucidité. Je sombrais alors dans la démence. Tout finissait par finir…
Eddie Vedder - Hard Sun

lundi 1 novembre 2010